Article N°002/CRD-GK/05/2025
- Cadre de Réflexion pour le Développement du Grand Kanem
- 24 mai
- 5 min de lecture
Mao s’effrite : Le combat contre les ravins, une urgence
couplée à l’aménagement urbain
Les ravins de Mao :

Une urgence environnementale et urbanistique dans sa mission de veille, d’analyse et de proposition pour un développement harmonieux et durable du Grand Kanem, le Cadre de Réflexion pour le développement du Grand Kanem (CRD-GK) attire l’attention des autorités locales, des partenaires au développement et de la population sur un phénomène
préoccupant Mao, chef-lieu de la région du Kanem au Tchad, fait face à une menace
environnementale croissante : l’apparition et l’extension des ravins d’érosion.
Ce phénomène, d’abord discret, est devenu au fil des années une crise silencieuse
qui menace la sécurité des habitants, la viabilité des infrastructures, et le
développement harmonieux de la ville.
Dans le cadre de sa mission de plaidoyer pour un développement durable, le
Cadre de Réflexion pour le Développement du Grand Kanem (CRD-GK) tient à
alerter sur une problématique trop souvent ignorée, l’avancée des encoches dans
la ville de Mao. Cette dégradation environnementale croissante menace non
seulement la sécurité des populations, mais elle s’attaque directement aux
fondations de l’urbanisation.
C’est pourquoi le CRD-GK propose dans cet article une lecture croisée : lutter
contre les ravins, c’est aussi planifier et investir intelligemment dans la voirie
urbaine. Les deux défis sont étroitement liés, et doivent être traités ensemble.
1- Un double enjeu : ravins et routes
À chaque saison des pluies, des torrents se forment en l’absence de canaux de
drainage, creusant des ravins de plus en plus profonds au sein même des
quartiers habités. En parallèle, la ville reste faiblement dotée en infrastructures
routières durables : la majorité des voies de circulation restent en terre, ce qui les
rend vulnérables aux intempéries et à l’érosion.
Ces deux constats doivent conduire à une vision intégrée, les encoches ne sont
pas un simple problème environnemental, mais un symptôme du sous-
investissement dans la voirie structurée. À l’inverse, toute politique de bitumage
des routes urbaines qui ne prévoit pas de système de drainage ne fera que
déplacer le problème.
2- Causes des ravins à Mao
A. Érosion hydrique : Mao, bien que située en zone sahélienne, connaît des
épisodes de pluies saisonnières intenses. Ces précipitations, combinées à
l’absence de canalisations et au relief accidenté, provoquent
l’entraînement des sols.
B. Urbanisation non planifiée : L’extension anarchique de la ville sans prise en
compte des normes d’aménagement favorise l’écoulement incontrôlé des
eaux.
C. Déforestation et absence de couvert végétal : La disparition de la
végétation aggrave l’érosion, car rien ne retient les sols sableux typiques de
la région.
D. Manque de systèmes de drainage : L'absence d’un réseau structuré
d’évacuation des eaux de pluie favorise la formation de ravines, en
particulier sur les voies non bitumées.
3- Conséquences pour la ville
● Destruction d’habitations en bordure des encoches.
● Menace sur les routes (notamment en lien avec le projet de bitumage) et
les pistes.
● Perte de terres arables et de parcelles urbaines.
● Difficultés d’accès à certains quartiers pendant la saison des pluies.
● Insécurité pour les populations : enfants, personnes âgées, riverains.
4- Opportunité
intégrer la lutte contre les ravins dans le plan de bitumage
Le plan de bitumage de Mao, s’il est bien conçu, représente une opportunité
stratégique pour intégrer des mesures durables de gestion de l’eau et de lutte
contre les encoches. C’est le moment d’agir, en incluant dès la phase de
conception des infrastructures de drainage, stabilisation et aménagements
écologiques.
5- Solutions concrètes et durables
La gestion des encoches est un enjeu majeur pour la préservation des sols, la
sécurité des infrastructures et la résilience des écosystèmes.
La stabilisation efficace des ravins repose sur une combinaison judicieuse de génie
civil, de gestion de l’eau et de techniques adaptées aux conditions locales.
6- Aménagements physiques et d’ingénierie
● Caniveaux bétonnés le long des routes bitumées pour canaliser les eaux
pluviales.
● Bassins de rétention ou digues en amont pour réduire la vitesse de
ruissellement.
● Stabilisation des berges des ravins existants avec des gabions, des
enrochements ou des murs de soutènement.
● Ponts de franchissement au niveau des ravins profonds, pour garantir la
continuité du réseau routier.
● Cartographie des zones à risque et définition d’une ceinture de protection
verte.
7- Solutions écologiques et communautaires
A- Structures de Soutènement : Solidité et Durabilité
Les murs de soutènement sont essentiels pour prévenir l’érosion et maintenir la
stabilité des pentes. Parmi les solutions disponibles, l’enrochement se distingue
par sa robustesse et son intégration harmonieuse dans le paysage. Composé de
pierres anguleuses disposées de manière interverrouillée, il offre une résistance
élevée aux forces de poussée et aux cycles climatiques, avec une durée de vie
estimée à plus de 50 ans. De plus, l’enrochement favorise la biodiversité en
permettant la végétalisation des interstices, contribuant ainsi à la régénération
naturelle des sols.
B- Gestion de l’Eau : Prévention de l'Érosion
Le contrôle des eaux de ruissellement est crucial pour éviter l’érosion des sols.
L’installation de canalisations en PVC(c'est un système de tuyaux et de raccords
fabriqués à partir de polychlorure de vinyle, un matériau plastique couramment
utilisé pour le transport de liquides ou de gaz. Ce type de canalisation est
notamment employé pour l'évacuation des eaux usées, l'approvisionnement en
eau potable, et les réseaux d'évacuation dans les bâtiments) ou en béton ( Il s'agit
d'une forme de tuyauterie durable utilisée dans les réseaux d'assainissement, les
ponceaux, et les infrastructures de transport) permet de diriger les eaux
excédentaires vers des zones de stockage ou d’évacuation appropriées.
Parallèlement, la mise en place de fossés de drainage, souvent remplis de gravier,
facilite l’infiltration de l’eau et réduit la pression sur les structures de
soutènement. Ces systèmes doivent être conçus pour résister aux crues soudaines
et aux variations saisonnières des débits.
● Reboisement ciblé (arbres adaptés au climat sahélien, comme le neem,
l'acacia ou le jujubier).
● Végétalisation des talus des routes et des berges des ravins avec des herbes
anti-érosion.
● Sensibilisation communautaire sur les pratiques de gestion de l’eau et du
sol.
● Interdiction d’habiter ou de lotir les zones à risque élevé.
● Aménagement de jardins communautaires ou espaces verts dans les zones
vulnérables, pour combiner utilité et protection.
8- Intégration institutionnelle et suivi
● Créer une cellule technique au sein de la mairie de Mao dédiée à la lutte
contre l’érosion.
● Inclure un volet “gestion des eaux pluviales” dans tous les projets urbains.
● Mobilisation des partenaires techniques et financiers (ONG, bailleurs,
agences de développement) pour cofinancer les projets de stabilisation.
● Former les cadres locaux à l’entretien des ouvrages d’évacuation des eaux
et à l’aménagement durable.
Le Cadre de Réflexion pour le Développement du Grand Kanem (CRD-GK) dispose
de projets techniques détaillés, de données cartographiques, et de propositions
concrètes pour une action coordonnée contre les encoches et pour le
développement de la voirie urbaine à Mao.
Nous lançons un appel aux autorités locales, aux ministères compétents, aux
bailleurs de fonds, aux agences techniques et aux ONG à nous contacter pour :
● consulter nos documents techniques,
● participer à des réunions de coordination,
● ou co-construire des projets pilotes.
Pour tout contact :
+235 65 12 46 46
Siège provisoire : Mao Kanem








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