
Article N°004/CRD-GK/06/2025 Grand Kanem : Silence complice autour des 5 % des revenus pétroliers une injustice inacceptable.
- Cadre de Réflexion pour le Développement du Grand Kanem
- 7 juin
- 5 min de lecture

Depuis plus de dix ans, le pétrole de Sédigui coule, exporté jour après jour vers des marchés internationaux, pendant que les populations du Grand Kanem regardent, impuissantes, leurs terres polluées, leurs routes dégradées, leur environnement saccagé… sans jamais voir la moindre retombée de cette manne qui leur appartient pourtant de droit.
Car oui, la Constitution tchadienne est formelle : 5 % des revenus pétroliers doivent revenir aux régions productrices.
Un principe de justice élémentaire, inscrit noir sur blanc dans les textes, mais qui reste lettre morte pour le Grand Kanem.
Pendant que d’autres régions perçoivent cette part – même minime – qui leur permet d’investir dans des projets structurants, le Grand Kanem est oublié, méprisé, et laissé à l’abandon.
Le pétrole de Sédigui : 10 ans d’exploitation, 0 retombée locale
2013 : Mise en exploitation du champ de Sédigui plus de 10 ans d’exportation continue de pétrole brut Plusieurs déversements recensés : pollution de l’eau, destruction des terres agricoles.
Un silence complice des autorités centrales ?
La situation interpelle :
Pourquoi ce silence du ministère de l’Énergie et du ministère des Finances ?
Pourquoi cette absence de communication du ministère de l’Environnement, pourtant censé protéger nos terres ?
Pourquoi aucune réponse claire sur les allégations d’un détournement des 5 %, au profit d’une poignée d’élites ?
Pendant que le peuple attend, on nous parle d’« expérimentation ». Mais quelle expérimentation peut durer plus de dix ans ?
À chaque nouveau déversement d’hydrocarbures dans la région, les autorités se déplacent, font des constats… puis plus rien. De simples farces qui ne débouchent sur aucune action concrète, aucune indemnisation des victimes, aucune réparation des dégâts.
Des externalités négatives subies par le peuple
les populations du Grand Kanem, pourtant pauvres et paisibles, sont les premières victimes de ce système injuste :
Les nappes phréatiques sont menacées,
L’économie locale est étouffée,
Et l’accès aux services sociaux de base est toujours plus difficile.
Pollution des sols : pertes agricoles majeures
Pollution de l’air : risquessanitaires pour les populations
Réseau routier délabré : enclavement des zones rurales
Érosion à Mao : menace de division de la ville en deux
Retards d’urbanisation : Bol, Mao, Massakory, Rig-Rig, Nokou, Mondo etc; en attente de projets structurants
Et pendant ce temps, qui profite réellement des revenus du pétrole de Sédigui ? À qui revient cet argent? Depuis quand ces détournements durent-ils ? Qui sont les bénéficiaires occultes ?
Un droit constitutionnel bafoué : le cas du 5 %
La Constitution garantit que 5 % des revenus pétroliers doivent revenir aux régions productrices. Alors pourquoi le Grand Kanem est-il exclu de ce dispositif, alors même que nous subissons de plein fouet les impacts négatifs de l’exploitation pétrolière?
Estimation des revenus :
Prix moyen annuel du baril de Brent (2013–2024)
Année
Prix moyen estimé (USD/baril)
2013 108 $
2014 99 $
2015 52 $
2016 44 $
2017 54 $
2018 71 $
2019 64 $
2020 42 $
2021 71 $
2022 100 $
2023 82 $
2024 83 $
Ces estimations reflètent les fluctuations du marché pétrolier mondial au cours de la dernière décennie.
Calcul de la moyenne générale (2013–2024)
Addition des prix moyens :
108 + 99 + 52 + 44 + 54 + 71 + 64 + 42 + 71 + 100 + 82 + 83 = 870
Nombre d’années (2013–2024) = 12
Moyenne générale = 870 ÷ 12 = 72,5 USD/baril
Le prix moyen du pétrole Brent de 2013 à 2024 est estimé à environ 72,5 USD par baril.
Selon les données disponibles, la production annuelle de pétrole brut au Tchad a varié au fil des ans. Par exemple, en 2021, la production a atteint environ 48,6 millions de barils .EITI
En supposant une production moyenne annuelle de 50 millions de barils sur la période 2013–2024, la production totale sur 12 ans serait d'environ 600 millions de barils.
Estimation de la part du Grand Kanem
Part estimée du Grand Kanem : 25 % de la production nationale, soit 150 millions de barils sur 12 ans.Le Point.fr
Prix moyen du baril (2013–2024) : environ 72,5 USD .TV5 Monde Information+13Le N'Djam Post+13BBC+13
Revenus bruts estimés : 150 millions de barils × 72,5 USD = 10,875 milliards USD.
5 % des revenus : 10,875 milliards USD × 5 % = 543,75 millions USD.
Conversion en FCFA : 543,75 millions USD × 600 FCFA/USD = 326,25 milliards FCFA.
Sur la période 2013–2024, le Grand Kanem aurait dû percevoir environ 326,25 milliards FCFA au titre des 5 % des revenus pétroliers, conformément à la Constitution tchadienne. Cette somme aurait pu être investie dans des infrastructures essentielles, des services sociaux et le développement économique de la région. 326,25 milliards FCFA ÷ 12 ans = 27,19 milliards FCFA par an.
En moyenne, le Grand Kanem aurait dû percevoir environ 27,19 milliards FCFA par an au titre des 5% des revenus pétroliers, depuis 2013 jusqu'en 2024.
Ces 5 %, aussi modestes soient-ils, pourraient pourtant permettre :
De financer des projets d’infrastructures routières pour désenclaver les villages reculés,
De lutter contre l’érosion qui menace de diviser Mao en deux,
D’urbaniser nos villes : Bol, Mao, Massakory, Rig-Rig, Nokou, Mondo etc.,
De soutenir l’agriculture locale,
De garantir un meilleur accès à l’eau, à l’électricité et aux soins pour nos populations.
Un appel solennel à l’action immédiate
Face à cette injustice flagrante, le Cadre de Réflexion pour le Développement du Grand Kanem (CRD-GK) demande l'implication personnelle du Sultan du Kanem, en tant qu’autorité morale et garant des intérêts des populations, pour défendre ce dossier.
🔹 L’interpellation directe du Ministre de l’Énergie et du Ministre des Finances pour obtenir des réponses claires :
Qui en a bénéficié de 5 % ?
Depuis quand ces fonds sont-ils détournés ?
Pourquoi ce silence ?
🔹 L’ouverture d’une enquête transparente et indépendante sur la gestion des revenus pétroliers et la redistribution des 5 % dans le Grand Kanem.
🔹 La restitution de chaque centime détourné et la poursuite judiciaire des responsables impliqués dans ce détournement.
🔹 L’application immédiate et sans condition du droit du Grand Kanem aux 5 % des revenus pétroliers, conformément à la Constitution.
🔹 La mobilisation des ressources pour financer des projets stratégiques portés par le CRD-GK, notamment dans l’infrastructure, l’éducation, la santé, l’agriculture et l’environnement.
Le Grand Kanem a trop longtemps été ignoré, oublié, méprisé. Il est temps de rompre avec ce cycle d’injustice et de permettre à notre région de retrouver sa grandeur grâce à une gestion juste et équitable des ressources nationales.
Nous demandons aux autorités de prendre leurs responsabilités et de mettre fin à cette marginalisation inacceptable.
Le Grand Kanem ne quémande pas : il réclame un droit légitime.
Le CRD-GK reste mobilisé, vigilant, et prêt à travailler pour l’avenir du Grand Kanem. Ensemble, engageons-nous pour un Kanem plus autonome, plus équitable et plus prospère. La porte du CRD-GK est ouverte et l’entrée sans condition pour qu' enfin nous puissions réfléchir ensemble à d’autres problématiques qui minent notre Grand Kanem.








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