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Gaz de la ville de Mao : entre monopole, contraintes réglementaires et accès limité

La ville de Mao, chef-lieu de la région du Kanem, fait face depuis plusieurs années à une problématique persistante, l’accès limité au gaz domestique. Cette situation, qui pèse lourdement sur les ménages, résulte d’un double facteur : un monopole de commercialisation rigide et une couverture géographique insuffisante des points de vente. Il est temps de poser un diagnostic clair et de proposer des pistes d’action concrètes pour améliorer l’approvisionnement en gaz dans la ville.

Un monopole qui freine le marché

Actuellement, un seul opérateur détient le droit exclusif de commercialiser le gaz dans la ville de Mao. Cette situation de monopole entraîne une offre limitée, des difficultés d’approvisionnement et des prix peu compétitifs.

D’après un commerçant local interrogé, 70 % des ménages de Mao utilisent le gaz comme principale source d’énergie domestique, mais plus de la moitié de ces familles déclarent rencontrer des difficultés régulières pour se procurer une bouteille de gaz.

« Parfois, il faut attendre plusieurs jours avant de pouvoir acheter une bouteille. Les prix varient selon les périodes, et il n’y a aucune garantie d’en trouver », témoigne Fatimé, mère de cinq enfants.

Pourtant, plusieurs opérateurs économiques souhaitent entrer sur le marché mais se heurtent à des obstacles réglementaires complexes, notamment :

●       Des normes techniques élevées pour l’installation des dépôts et des points de vente,

●       Des procédures administratives longues et peu claires pour obtenir les agréments,

●       Un manque de soutien logistique et financier pour les nouveaux entrants.

Il est urgent d’engager un dialogue avec les autorités locales afin d’assouplir ces normes, sans pour autant compromettre la sécurité des installations. Dans un premier temps, l’instauration d’un duopole, avec l’arrivée d’un deuxième opérateur, permettrait d’introduire une concurrence saine sur le marché, tout en préparant une ouverture plus large à moyen terme.

Douze points de vente pour mieux répondre à la demande

Aujourd’hui, la ville de Mao ne compte qu’un seul point de vente officiel pour une population estimée à plus de 70 000 habitants. Cette situation crée une concentration excessive de la demande et complique l’accès au gaz pour les foyers, en particulier ceux situés dans les quartiers périphériques comme Djougou, Youlo ou Moto.

« Je fais près de 5 kilomètres à pied pour acheter du gaz, et parfois je reviens bredouille. C’est épuisant », explique Issa Mahamat, un habitant du quartier Moto.

Pour remédier à ce problème, nous proposons l’implantation d’au moins 12 points de vente répartis dans les différents quartiers de Mao. Cette mesure permettrait de :

●       Diviser par 4 le temps moyen d’attente pour se ravitailler,

●       Réduire les files d’attente de plus de 60 %,

●       Favoriser une distribution plus équitable et fluide,

●       Diminuer les coûts indirects liés aux déplacements.

Un appel à l’action

La situation actuelle du gaz à Mao n’est pas une fatalité. En adoptant une approche progressive et pragmatique notamment en assouplissant les normes qui freinent l’entrée des opérateurs et en multipliant les points de vente, les autorités locales ont le pouvoir d’améliorer significativement l’accès des populations à cette ressource essentielle.

Il est temps de repenser la politique de commercialisation du gaz à Mao, dans l’intérêt des habitants, mais également pour soutenir le développement économique local et répondre aux besoins énergétiques croissants de la région.

Il appartient désormais aux décideurs, aux autorités locales et aux acteurs économiques, avec le soutien du Cadre de Réflexion pour le Développement du Grand Kanem (CRD-GK), d’agir ensemble pour apporter des solutions concrètes et durables à cette situation.

L’amélioration de l’accès au gaz à Mao est une urgence sociale et économique, elle permettra non seulement de soulager les ménages, mais aussi de dynamiser l’économie locale, de créer des emplois et de renforcer la résilience énergétique de la région.

Ensemble, engageons-nous pour un Kanem plus autonome, plus équitable et plus prospère. La porte du CRD-GK est ouverte et l’entrée sans condition pour qu' enfin nous puissions réfléchir ensemble à d’autres problématiques qui minent notre Grand Kanem.


Photo d'illustration : fil d'attente pour l'achat de gaz.
Photo d'illustration : fil d'attente pour l'achat de gaz.

 
 
 

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